La Folie Savon est à l’heure où l’époque folle savonne les planches. Avec les gilets jaunes, les grèves, les virus, les peurs, les Casse-les-prix-donc-qualité et autres politiques passablement hasardeuses des villes, le commerce violemment savonné n’a plus que Le Pouvoir Absolu de la « modernisation », ou, La métamorphose en bon Roi de la glisse, sur La Maille cette fois (Entendez Internet).
Nouvelle épopée donc, à commencer par le choix d’un nouveau nom qui s’impose, Une Folie, puis d’une nouvelle vitrine Web, www.lafoliesavon.com (à quand le .propre ?). Se montrer sous ses plus beaux Savons, sans perdre la qualité de nos Chouchous, Savons, Mots et Services, de notre Joie de Vivre, de notre Folie Naturelle, avec vous.
Alors, La Folie Savon reprend forme, adresse confidentielle, à la ville (Paris, 32 rue St André des Arts) comme à la campagne (Internet, lafoliesavon.com), de derrière les taillis d’antan, à la fois classique et moderne, à la décoration raffinée et au design propret, une forme de Renaissance éclectique, afin de recevoir Savons à la coupe et Clients chéris, en vrai, ou sur la toile, de près ou de loin… Vous, les amoureux de nos Savons de luxe et autres paroliers à savons rompus.
À la Folie Savon.
Questions de sens. Reprenons :
Savon : nom commun, masculin singulier. Pierre magique obtenue par réaction chimique de deux corps. De première nécessité, le savon lave, nettoie, à chaud et à froid. Il peut être enrichi de belles matières, beurres, huiles, parfums, …, et aussi être sans savon ! De la folie ! Quoiqu’il en soit, c’est en se savonnant qu’on devient propre.
La : article défini, féminin singulier ; détermine le nom, et donne le ton dans la gamme. Nos savons nous feront tous chanter sous la douche.
Folie : nom commun féminin singulier. De l’égarement de l’esprit au manque de jugement, en passant par la danse voisine de la Passacaille (XIIème siècle) à l’idée déraisonnable sans conséquence, le mot folie revêt mille bulles de significations, de la plus légère à la plus lourde. Dans cet imbroglio de sens, une Folie culmine physiquement depuis le Moyen-Âge, chapeautée d’un toit parfois à la Mansart, dotée d’une architecture ; elle est un lieu, un havre de paix ou de rencontres, abri privilégié parfois extravagant, et porte directement le nom de son propriétaire.
L’affaire est dans le sac, vous êtes bien sûr dans le lieu souverain où le Savon est roi, La Folie Savon.
La Folie est le propre de l’homme
Blaise Cendras
Plus d’une année nous fut nécessaire à la recherche de nouveaux noms pour la boutique. Pas par manque de lessivage d’esprit et d’écumage des dictionnaires, bien au contraire. Parmi les essais infructueux et les mésaventures inattendues en matière de propriété (à défaut de propreté !) intellectuelle, le mot Folie finit par envahir nos réflexions. Mieux valait garder l’humour pour ne pas sombrer dans le désespoir.
De fil en aiguille, la notion raisonnait d’autant que notre intérêt pour Camille Claudel était intact : d’un côté, elle connut La Folie Neubourg, ce château délabré dans les faubourgs de Paris comme atelier, et de l’autre, bien plus funeste hélas, l’asile de fous, hôpital psychiatrique dans lequel elle fut placée, pour psychose paranoïaque en 1913, à la demande de sa mère. Et y demeura jusqu’à sa mort, en 1943.
La Folie Neubourg du Clos Payen à Paris (68 bd d’Italie, aujourd’hui bd Blanqui) fut construite vers 1665 comme maison d’habitation pour Michel Edmond Le Prestre de Neubourg, conseiller du roi et receveur des Finances de Caen. De style antique à la façon d’une villa romaine, la magnifique bâtisse était bordée dans son parc par la rivière Bièvre. Abandonnée à la Révolution puis occupée par une blanchisseuse des Hôpitaux de Paris, elle servit de refuge pendant la Commune, avant d’être louée par Rodin vers 1890 (jusqu’en 1903).
La Folie Neubourg, délabrée, toujours au nom de son premier propriétaire, servit d’atelier partagé pour Rodin et Camille Claudel (elle habite alors au 113 du même bd). Jusqu’à la rupture (1892-93) quand elle réalisa que Rodin ne l’épouserait pas, malgré ses promesses (le 12 octobre 1886, Rodin s’engageait à la prendre pour femme dans un contrat écrit). Des chefs d’œuvre bien à elle, verraient le jour par la suite (La Valse, L’Age mur, La Petite Châtelaine, Clotho, …). Un livre ouvert, magistral, sur sa vie…
La « folie » chez Camille Claudel a fait couler beaucoup d’encre ; il était temps. En 1913, elle est dans un triste état dépressionnaire (psychose paranoïaque); après un traitement nécessaire et salvateur à l’hôpital psychiatrique de Ville-Evrard en région parisienne, elle aurait dû sortir ; Il n’en fut rien, au contraire, et elle fut exilée loin, près d’Avignon, en hôpital psychiatrique, encore et toujours. Car sa mère resta sourde à ses supplications et aux bilans des médecins. Ni sa sœur ni son frère ne tentèrent d’inverser l’histoire. Elle subit 30 années d’internement, jusqu’à sa mort en 1943, 30 ans d’emprisonnement arbitraire, 30 ans de rupture totale avec le monde, immersion quotidienne au milieu de « toutes sortes de créatures énervées, violentes, criardes, menaçantes… Tout cela crie, chante, gueule à tue-tête du matin au soir et du soir au matin » (lettre de Camille Claudel à son frère Paul, 3 mars 1927).
La sœur folle, paranoïaque, resterait bâillonnée, génie mise sous cloche, elle disparaitrait. Seules, les lettres de la famille peuvent circuler, sur ordre de la mère.
Les écrits d’internement de Camille font froid dans le dos, révélant tant de lucidité. De quelle folie l’accable-t-on si ce n’est une résistance hors du commun à la folie environnante, très lentement meurtrière ?
Les hommages pour cette grande dame sont nécessaires.
« Après 14 ans de vie pareille, je réclame la liberté à grands cris », écrit Camille Claudel à son frère Paul le 3 mars 1927.
Il n’y a pas de génie sans un grain de folie
Aristote
Pan Pan Pan, le rideau se lève et hop : le trèfle à 5 feuilles déclame :
À la Folie Savon,
J’aime
Un peu, des histoires savonneuses sur pas de danse
Beaucoup, de clients exigeants et heureux
Passionnément, des savons doux et enchanteurs
À la folie, bien-être, rires, liberté, folie doucePas du tout. Mais si ! la saleté sous toutes ses formes
Qui veut retrouver sa jeunesse n’a qu’à reprendre ses folies
Oscar Wilde
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